D’immenses colonnes d’êtres convergeaient ensemble vers un point. L’espace d’un instant, une vive lumière rouge, un son retentissant, qui avaient transpercé tout à des milliers de lieux à la ronde, et continuaient encore leur propagation, avaient attiré l’attention de milliers d’êtres alentours, et maintenant tous se dirigeaient vers leur source. Venant de tous côtés, représentants des races humaines et démoniaques confondues, leur esprit était fixé, leur but bien défini.
De loin, on distinguait des silhouettes de pics noirs dressés vers le ciel comme des doigts accusateurs, reliés entre eux par des pontons de pierre brute. Le bas de la construction se perdait dans des brumes épaisses, mais rien ne semblait contredire l’aura de puissance qui se dégageait du bâtiment.
Au fur et à mesure que l’on s’approchait, la foule devenait plus dense. La lisière de la forêt de Highwood franchie, on pénétrait sur une terre sèche et craquelée, au centre de laquelle se dressait la Citadelle. On marchait à présent en remontant des fleuves d’eau souffreteuse, et dont la source ne devait pas être moins que la base de la construction elle-même. Les marcheurs croisaient des statues de marbre ou de pierre de lave impressionnantes de par la force qui s’en dégageait et de l’air scrutateur dont elles vous fixaient. Leurs crocs luisants, leurs armes gigantesques faisaient frissonner les plus téméraires. Gardiennes intouchables et indestructibles, elles regardaient défiler les visages noirs, blancs, rouges ou cachés d’un air impassible.
Les airs n’étaient pas dépourvus d’activité. Dragons et autres créatures sillonnaient l’espace aérien avec des traînées de feu cuisantes et cris stridents. Quelconque menace venue du ciel serait largement accueillie…
On remarquait parfois, au hasard d'un souffle d'air brûlant qui dissipait un peu les brumes, des archers postés aux meurtrières. De leur poste, ils culminaient et leur vue portait au dessus de la cime des plus grands arbres. Rien ne pouvait perturber leur guet interminable.
Roues des charrettes, sabots du bétail et des montures, griffes et chaussures claquaient ensemble sur le pavé, s’enfonçaient dans la boue, traversaient des fleuves à gué ou empruntaient les ponts encombrés.
Arrivés au pied du bâtiment, le voyageur levait la tête, et tentait de percevoir à travers les nuées blanches les formes des tours ou des annexes. De toutes les ouvertures s’échappaient des clameurs, des lueurs de torches enflammées et des rires gras. L’agitation à l’intérieur même était inimaginable. Des gargotes, d’immenses fours étouffants de chaleur, de grandes maisons aux ouvertures encombrées de visages de succubes ou de femmes dénudées, des rues sitôt larges ou étroites encombrées de buveurs ou de guerriers en quête d’amusements. Parfois, un gueux complètement ivre attrapait le voyageur par la manche, lui crachait des insanités afin d'attirer son attention et surtout quelques pièces pour retourner s'offrir à boire.
En grimpant aux étages, dans les immenses escaliers aux marches inégales, on s’isolait un peu de la foule criarde du bas. Par de grands ponts de pierre suspendus au dessus du vide et balayés incessamment par les vents, on ralliait les innombrables ailes de la construction. Derrière les portes, on entendait tantôt une conversation animée de gens quelque peu éméchés, tantôt un presque imperceptible murmure, et bien d’autres choses encore. Parfois, au hasard d’une porte laissée ouverte, on apercevait des couples affairés, des érudits occupés à leurs lectures, un mage préoccupé par la position des astres.
Les plus hautes tours abritaient les délégations humaines et démoniaques importantes, et les membres Terriens et Infernaux discutaient des affaires politique dans une intimité un peu plus réservée.
Ainsi était le Monument édifié à l’Alliance humano-démoniaque. A son origine, un groupe de démons qui défendait les idées pro-humaines, et qui avaient décidé la création d'un grand symbole de l'accomplissement de leurs idées. Au coeur de la forêt de Highwood, le Seigneur des Ames et la Baronne de la Damnation tronaient dans la Citadelle des Ames, et chaque jour nouveau voyait de nouvelles âmes se damner et se vouer aux Enfers.
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Sujet: [Lieu] La Citadelle